Étude de la mobilité et des interactions de noyaux de population de cerfs élaphes sur des habitats proches et encadrés ou traversés par des infrastructures de transport.
Les départements du Doubs et de la Haute-Saône abritent une population de Cerf élaphe. Celle-ci est divisée en 5 noyaux :
> 2 noyaux de population entre Marchaux et Montbéliard dans le Doubs, sur la zone de »Rougemont et alentours »,
> 3 noyaux de population en Haute-Saône : massif de Borey et massif de Granges-le-Bourg (Vosges Saônoises : collines sous
vosgiennes et Sud de Villersexel), massif de Bithaine (Vosges Saônoises – zone centrale : Lure).
Le développement des populations de cerf élaphe présente un intérêt indéniable sur le plan patrimonial, environnemental et cynégétique. Toutefois, on note un manque de connaissance des domaines vitaux des noyaux de population et de leurs interactions voire plus largement de la biologie de l’espèce. En effet, bien que des suivis existent déjà, les résultats obtenus sur la zone d’étude, fluctuant nettement d’une année à l’autre, n’ont pas permis de comprendre précisément la répartition spatiale et temporelle de la population des grands cervidés des deux départements du Doubs et de la Haute-Saône.
Par ailleurs, on observe que les noyaux de population identifiés sont limités ou séparés par des infrastructures linéaires :
– La LGV Rhin-Rhône, équipée de 4 ouvrages de franchissements »grande faune »,
– le réseau ferré secondaire,
– l’A36, actuellement dépourvue d’ouvrages de franchissement,
– le réseau routier national et notamment la RN 19 qui marque la limite Nord des noyaux de population.
Résumé global du projet :
Pour la première année, les FDC du 25 et du 70 ont choisi le type d’équipement (fléchage, colliers GPS, logiciel de suivi, pièges photos) et élaboré le protocole de suivi de cerfs en lien avec le réseau ongulé de l’OFB. Pour cela, il leur a fallu acquérir les équipements nécessaires au suivi (jumelles thermiques, fusils hypodermiques, flèches, produit anesthésiant, boucles pour suivi ultérieur, autres consommables pour les opérations de fléchage, colliers GPS, pièges photos). Il leurs aura fallu également former des salariés aux tirs de fléchage des individus, ainsi que former des bénévoles à la manipulation des individus durant l’opération de pose des colliers des 10 à 11 cerfs capturés sur 2021.
En fin de projet, les FDC vont analyser les premières données de suivi GPS, de suivi des pièges photos placé sur les passages à faune situé sur la LGV principalement ainsi que les retours des gestionnaires d’infrastructures sur les données de collision pour élaboration d’un 1er bilan technique, qui sera en grande partie conforté/complété les années suivantes.
La deuxième année a permis la confirmation par SNCF réseau et APRR de l’absence d’incident de collision ou intrusion dans les emprises de cerfs. 7 individus ont été équipé, ayant nécessité 64 sorties de fléchage, de plus le suivi des animaux équipés et l’élaboration d’une synthèse des premiers résultats a également été mis en place. Le suivi de 5 ouvrages de franchissement de la LGV par 8 pièges photos ayant permis de collecter 1439 photos dont 289 de cerfs a été mis en place, ayant permis d’identifier au minimum 158 franchissements effectifs par le cerf. La transmission de la synthèse des premiers résultats de l’étude a été faite auprès du SNCF réseau et APRR.
La troisième année qui est en cours. Au-delà de la poursuite des sorties de fléchage d’animaux et des suivis (photo piégeage et suivi des déplacements des animaux déjà équipés), on notera que les FDC 25 et 70 ont obtenu en juin 2023 la livraison des modèles Viafauna à l’échelle départementale, de la part de la FRCO : habitats favorables à la grande faune forestière, chemins de moindre coût et Ouvrages Routiers, Ferroviaires et Hydrauliques (BD ORFEH). La FRCO a accompli ce travail dans le cadre de son propre projet éco-contribué; quant à la FRC BFC, elle a coordonné l’action dans le cadre du projet FAUNEINFRA n° 1095. Une première analyse de ces données est en cours et les FDC statueront sur l’intérêt ou non de pousser l’analyse à une échelle intra départementale. De plus, un échange est prévu avec l’INRAe de Toulouse, qui est intervenu en appui à la FRCO dans le cadre de son projet Macervus, et plus précisément dans l’analyse des liens de parenté d’animaux grâce à des analyses génétiques réalisées sur des cerfs prélevés à la chasse. La participation au colloque de restitution de ce projet Macervus est prévue (septembre 2023).
Cette nouvelle année doit donc permettre de poursuivre les équipements d’individus, leur suivi, le suivi des ouvrages de franchissements LGV et APRR, et de dresser une analyse intermédiaire synthétique des suivis. Mais également d’affiner et de compléter la liste des critères à croiser avec les informations de déplacement des individus équipés (occupation du sol, date, température, …), et d’en poursuivre la collecte. Une animation sera réalisée auprès des territoires de chasse de la zone d’étude afin de collecter des tissus sur les animaux prélevés à des fins d’analyses génétiques réalisées en quatrième année. Ce travail doit permettre d’établir le degré de brassage génétique des populations des différents noyaux.
En complément au suivi des animaux équipés et des ouvrages de franchissement, les FDC souhaitent affiner la modélisation des habitats favorables au Cerf, des chemins de moindre coût (CMC) entre massifs et des ruptures de continuités écologiques forestières par les ILT. La modélisation réalisée par la FRCO lors de la tranche 2 a permis de traiter les 50 plus grands massifs de chaque département. Il s’agirait cette fois de travailler à l’échelle d’une zone d’une cinquantaine de communes ce qui permettra d’affiner les analyses précédentes et de disposer à cette échelle des capacités de dispersion des animaux autour des CMC. Les échanges seront maintenus entre fédérations et gestionnaires d’infrastructures.
La quatrième année sera consacrée à la finalisation du suivi des cerfs équipés et à l’analyse multicritères des données collectées. Les tissus prélevés depuis l’année précédente seront analysés pour informations sur le degré de brassage génétique des populations entre noyaux. Une analyse complète des données permettra de répondre aux objectifs du projet en croisant :
– les données de suivi : suivi GPS des animaux équipés, suivi des franchissements existants (par les FDC) et des éco ponts A 36 (par APRR),
– les données opportunistes de franchissement ou intrusion transmises par SNCF réseau et APRR et les données collaboratives de mortalité liées aux infrastructures collectées sur Vigifaune,
– les facteurs environnementaux permettant d’étayer l’analyse, établis en tranche 3;
– l’analyse des ruptures de continuités écologiques forestières, affinée à l’échelle de la zone d’étude, toujours en partenariat avec la FRC Occitanie ayant développé ce programme éco-contribué.
Les résultats du modèle Viafauna seront confrontés à l’analyse des données de terrain, pour contribuer à solidifier ou faire évoluer le modèle mais également pour compléter et affiner les conclusions du projet (le suivi GPS n’étant pas possible à l’échelle de populations entières). Les résultats seront établis en concertation avec le réseau ongulés de l’OFB et l’INRAe et communiqués aux différents acteurs locaux (gestionnaires d’ILT, acteurs agricoles et forestiers).
Ce projet est financé par l’Office Français de la biodiversité dans le cadre de l’écocontribution.