La Fédération Nationale des Chasseurs salue le rapport d’information réalisé par le Sénat au nom de la commission des affaires économiques sur les pétitions relatives à l’interdiction du déterrage du blaireau et l’abolition de la vènerie sous terre. La qualité et la précision des informations qui y figurent, ainsi que le discernement et la grande lucidité dont il fait preuve quant à l’état du droit et des pratiques, en font une précieuse contribution.

La FNC espère que cela sera de nature à objectiver le débat que certaines associations ont contribué à hystériser ces dernières années sous le seul angle de la sensiblerie.

Le rapport du Sénat a su analyser avec finesse les réelles motivations des chasseurs.

A mille lieux des poncifs habituels sur la cruauté supposée de ces deux modes de chasse, le rapport du Sénat a su analyser avec finesse les réelles motivations des chasseurs tout en mettant en exergue les problématiques économiques et sanitaires auxquelles conduiraient leur interdiction.

Rappelons qu’à ce jour, aucune indemnisation automatique n’existe pour les dégâts provoqués par les blaireaux dans les cultures. Pourtant, ils occasionnent bien des nuisances avérées chaque année, dans les parcelles des agriculteurs , les soutènements des routes et des voies ferrées.  Les dégâts de blaireaux portent en effet autant sur les cultures que sur le plan sanitaire, les machines agricoles et les sols.

 

Le déterrage du blaireau : seule alternative efficace

Une étude a été menée dans le Pas de Calais afin de surveiller l’impact de l’action de l’homme sur le blaireau. Dans la synthèse publiée par la DDTM en avril 2022, elle met en exergue que sur le nombre de naissances estimé à 7514 annuellement, la vénerie sous terre est responsable de seulement 1,5% des mortalités, avec un prélèvement de 98 blaireaux. L’étude conclut à un croissement annuel de la population de 2,5%.

Le blaireau est une espèce classée « gibier » en France. Son mode de vie exclusivement nocturne fait que la principale méthode de capture pour cette espèce est le déterrage. La chasse au fusil ne constitue pas une alternative satisfaisante. Cette pratique du déterrage consiste à aller chercher l’animal lorsqu’il est dans son terrier, chasse qui nécessite l’utilisation de chiens spécialement dressés ou créancés.

Chaque année, on compte :

  • 7514

    naissances estimées de blaireau

  • 98

    blaireaux prélevés avec le deterrage

  • 2,5%

    d'accroissement de la population

Une chasse nécessaire

Les blaireaux sont particulièrement sujet à des collisions routières du fait de leur mode de vie nocturne et la présence des terriers aux abords des routes.

Le blaireau, vecteur de dégâts sur l’agriculture et les infrastructures

Le monde agricole est particulièrement concerné par l’impact des populations de blaireaux qui n’hésitent pas à installer leur terrier principal au cœur des parcelles. Les problèmes sont multiples : consommation de récoltes, piétinement des céréales, effondrement lors du passage des engins agricoles, blessures du bétail dans les pâtures et bien évidemment le risque sanitaire lié à la tuberculose bovine. Les infrastructures susceptibles d’être concernées sont multiples : digues, bordures de voies ferrées, talus des routes ou autoroutes, réservoirs et infrastructures d’adduction d’eau, piliers de ponts, bâtiments divers, tombes dans les cimetières, plateformes industrielles… En fait, toutes les zones offrant du remblai attirent les blaireaux qui trouvent des sols plus faciles à creuser. Il en est de même pour tous les ouvrages enterrés ou partiellement enterrés laissant des vides sous terre.

Par ailleurs, en raison de la présence des terriers aux abords des routes et de leur mode de vie nocturne, les blaireaux sont particulièrement sujet à des collisions routières. A titre d’exemple, dans le département du Cher, la Fédération des Chasseurs a recensé 80 collisions entre 2015 et 2020. Dans le département de la Somme, les collisions s’élèvent à 288 entre 2015 et 2019.

La difficulté du recensement des dégâts tient à l’absence de régime administratif d’indemnisation.  En effet, l’article L.426-1 du Code de l’environnement précise que l’indemnisation, à la charge des fédérations des chasseurs, intervient uniquement en cas de dégâts causés par les sangliers ou espèces de grands gibiers soumis à un plan chasse. Cette disposition exclut le gibier « de toute nature » et ne permet donc pas une réparation automatique des dégâts aux cultures causés par les blaireaux.

Pour autant, dans les départements où les fédérations des chasseurs conduisent des opérations visant à l’enregistrement des fiches de dégâts de blaireaux, ces dégâts – essentiellement commis sur des parcelles de maïs et de céréales – sont en en pleine croissance.

L’argument selon lequel il existerait des solutions alternatives simples et efficaces pour repousser le blaireau n’est pas sérieux. Les dispositifs de dissuasion proposés tels que le répulsif, les clôtures électriques sont parfaitement inefficaces. Les agriculteurs ne cherchent même plus à les mettre en place compte tenu de leur inutilité.

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Attention au risque de collisions aux abords des routes et d'accidents liés aux terriers creusés par les blaireaux

L'espèce occasionne des dégâts importants aux activités agricoles (dommages aux cultures (céréales (maïs notamment), vignes, .…). Par ailleurs, ses galeries peuvent être à l'origine d'affaissements de terrain sous le passage du bétail ou des engins.

Le blaireau, facteur de transmission de la tuberculose bovine

Les chasseurs sont très actifs dans le dispositif SYLVATUB visant la surveillance de la faune sauvage non captive.

Dès les années 1970, des cas de tuberculose bovine apparaissent en Europe. Cette maladie provoque des problèmes respiratoires et des lésions au niveau des organes. La transmission entre les animaux s’opère par exhalaison et excrétion, notamment aux bovins par les blaireaux.

Plusieurs rapports ont été menés sur ce sujet. En France, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES), s’est prononcée récemment dans un avis relatif à la « Gestion de la tuberculose bovine et des blaireaux ». Elle préconise l’abattage réactif en zone infectée ce qui est un désastre pour les éleveurs, couplée d’un assainissement des cheptels et de mesures de biosécurité.

Dans de telles zones, l’ANSES recommande un effort de piégeage et la connaissance du terrain permettant une efficacité des captures de blaireau et une bonne identification des terriers par des acteurs locaux et rappelle la mise en place du dispositif SYLVATUB, visant la surveillance de la faune sauvage non captive. Les chasseurs sont très actifs dans ce dispositif.

La vénerie sous terre participe à la maîtrise de la population à travers une chasse adaptée qui permet de disposer de données de localisation des terriers et limite l’expansion de la tuberculose.

Pour ce faire, certains arrêtés préfectoraux prévoient la pratique de la vènerie sous terre pour la capture de blaireaux à des fins de dépistage.

Une chasse strictement encadrée

Le Blaireau est une espèce classée « espèces de faune protégée dont l’exploitation est réglementée » de la Convention de Berne du 19 septembre 1979 (articles 8 et 9), ce qui permet sa régulation. Il figure sur la liste des espèces de gibier dont la chasse est autorisée fixée par l’arrêté ministériel du 26 juin 1987 modifié le 2 septembre 2016. Il est donc possible, à titre dérogatoire et de manière stricte, de réguler le blaireau par la pratique de la chasse.

La vènerie sous terre est particulièrement encadrée par l’arrêté ministériel modifié du 18 février 1982, et sa pratique nécessite, outre un permis de chasser validé, un cadrage préfectoral spécifique accordée pour des périodes limitées.

La liste rouge UICN (union internationale pour la conservation de la nature) qui est l’inventaire mondial le plus complet de l’état de conservation global des espèces permet de distinguer les différents niveaux de menace pesant sur celles-ci. Ainsi, le blaireau est inscrit au niveau le moins préoccupant (LC), c’est pourquoi il peut être chassé en France. Le blaireau y est en effet classé en préoccupation mineure, au même niveau de menace que le chevreuil ou le sanglier (LC).

 

 

 

 

Une chasse respectueuse du cycle reproductif de l’animal

La période de chasse est adaptée au cycle reproductif particulier de l’espèce blaireau. Le cycle reproductif du blaireau est plus précoce que celui du  grand gibier, avec une mise-bas et une période de rut centrée sur fin janvier et début février. C’est la raison pour laquelle la vènerie du blaireau ferme dès le 15 janvier, beaucoup plus tôt que les autres modes de chasse des mammifères. C’est aussi la raison pour laquelle, la vènerie sous terre ouvre de nouveau à partir du 15 mai. Au 15 mai, les jeunes sont sevrés et les blairelles n’allaitent plus.

S’agissant de l’ouverture au 15 mai, le Conseil d’État, dans sa décision du 30 juillet 1997, a confirmé que « la période complémentaire autorisée par le préfet du Cher ne perturbe ni la reproduction du blaireau, ni le temps nécessaire à l’élevage des jeunes ».

Une chasse sélective

Les pratiquants du déterrage doivent utiliser des pinces non vulnérantes pour capturer l’animal chassé.

En cas de découvertes d’autres espèces protégées dans le terrier, l’opération de déterrage est arrêtée.

Si, lors de la chasse, d’autres espèces protégées qui cohabitent dans les terriers des blaireaux sont découverts, l’article 3 de l’arrêté du 18 mars 1982 relatif à la vènerie stipule de mettre fin à la chasse :   « si au cours des opérations de déterrage la présence d’un spécimen d’une espèce non domestique dont la destruction est interdite au titre de l’article L. 411-1 du code de l’environnement est découverte dans le terrier, il est mis fin immédiatement à la chasse sous terre dans ce terrier ».

Des méthodes alternatives inefficaces

La vènerie sous terre est une pratique à laquelle le droit européen ne s’oppose pas.

L’exemple de nos voisins d’outre-manche dénote l’inefficacité de l’interdiction de la vénerie sous terre. En effet, des méthodes alternatives de mise à mort sont tout de même employées, telles que l’abattage sans aucune attention particulière portée au bien-être animal puisque des licences « intensives » pour l’abattage massif sont délivrées. Ainsi, l’abattage et la destruction de blaireaux n’apparaissent pas particulièrement comme des méthodes sélectives et moins cruelles justifiant l’interdiction de la pratique de la vénerie sous terre.

En conclusion, la vènerie sous terre est une pratique à laquelle le droit européen ne s’oppose pas. Elle ne nuit pas à la conservation de l’espèce, mais bien au contraire, elle participe à la production de données probantes et à l’enrichissement des connaissances.

Dans l’intérêt général, mieux vaut laisser intervenir un déterreur agréé qu’un destructeur missionné par l’Etat avec l’argent du contribuable ou un empoisonneur anonyme.

  • 80%

    des terriers ne sont pas chassés

  • 215

    terriers ont été chassés en France