Accompagnement et développement de projet en agroforesterie et étude de la relation avec la biodiversité
« L’agroforesterie est l’association d’arbres et de cultures ou d’animaux sur une même parcelle. Cette pratique ancestrale est aujourd’hui mise en avant car elle permet une meilleure utilisation des ressources, une plus grande diversité biologique et la création d’un micro-climat favorable à l’augmentation des rendements » (source www.agriculture.gouv.fr). L’agroforesterie fait son apparition dès l’antiquité, notamment en Grèce, où les cultures maraîchères étaient systématiquement associées à la production d’oliviers. Elle perdure jusqu’au début du 20è siècle mais, après la seconde guerre mondiale, les arbres ont alors été supprimés afin de créer de plus grandes parcelles, cultivées grâce des techniques plus productivistes pour lutter contre la famine. Elle n’a cependant jamais disparue de bon nombres de pays et fait son retour en France et en Europe en tant qu’alliée de l’agriculture et pour lutter contre le changement climatique. Elle peut également jouer un rôle dans le contexte global de réduction de la biodiversité. Les références bibliographiques sont nombreuses en ce sens toutefois, Ranjith P. Udawatta, Lalith M. Rankoth et Shibu Jose indiquent, dans leur revue de synthèse sur le sujet en 2019, que si les références sont nombreuses, elles sont souvent mal comprises et sous estimées. Dans cette même revue, a priori la plus récente et qui compile quelque 154 références mondiales, il est mentionné que 75% des suivis se concentrent sur la flore et la biodiversité du sol.
Dès 2012, au travers de l’une des première synthèse sur l’Agroforesterie, Shibu Jose énumère les 5 rôles majeurs joués par l’agroforesterie à savoir : fournir un habitat aux espèces qui peuvent supporter un certain niveau de perturbation, aider à préserver les espèces sensibles, limiter le taux de conversion des habitats naturels en offrant une alternative aux systèmes agricoles traditionnels, assurer la connectivité entre les habitats et aider à conserver la diversité biologique en fournissant d’autres services écosystémiques. Ces rôles sont repris dans les publications les plus récentes.
Si les mécanismes par lesquels l’agroforesterie contribue au soutien de la biodiversité sont suivis depuis 2004, les références relatives à la biodiversité faunistiques restent minoritaires, et celles relatives au territoire français, marginales. Dans leur synthèse de 2016, Mario Torralba et al. ne mentionnent que 4 sites d’étude en France sur les 53 références sur lesquelles s’appuie leur travail. Si des publications montrent des relations positives significatives pour les polinisateurs (Barrios E. et al. 2017), les oiseaux (Torralba M. 2016 ; Fisher et al. 2010) ou les chauve-souris (Bhagwat, S.A. et al. 2008), elles s’appuient souvent sur des suivis en région tropicale. Torralba et al. Indiquent même que si les effets sur la biodiversité sont significatifs en région méditerranéenne, cette relation n’apparaît pas forcément en région continentale sur la base des données disponibles à ce jour. C’est peut-être une des raisons qui ont poussé des chercheurs et l’Office fédéral de l’agriculture à lancer un monitoring poussé en Suisse à partir de 2020 (Giotto R. et al 2023). Convaincu de l’intérêt de l’agroforesterie pour la biodiversité, la qualité et la fonctionnalité des territoires, la Fédération des Chasseurs de la Moselle souhaite promouvoir ce mode de gestion des terres en accompagnant plusieurs territoires sur le département.
Convaincu de l’intérêt de l’agroforesterie pour la biodiversité, la qualité et la fonctionnalité des territoires, la Fédération des Chasseurs de la Moselle souhaite promouvoir ce mode de gestion des terres en accompagnant plusieurs territoires sur le département.
Le projet est prévu pour s’échelonner sur plusieurs années. Sur la base des échanges antérieurs un premier territoire a été identifié (ferme des Bachats). Un engagement dans l’agroforesterie est déjà en cours d’implantation pour ce territoire qui a cependant besoin d’un accompagnement. La première année sera donc orientée vers l’établissement des états initiaux pour ce territoire et sur la mise en route d’un suivi pluriannuel. Un second territoire est en cours d’identification. L’objet est donc également d’étudier la faisabilité d’une entrée de ce second site dans une démarche similaire. La seconde année sera dédiée à l’accompagnement du second territoire et à l’étude de faisabilité pour de nouveaux candidats. Outre le renforcement des données sur la relations entre l’agroforesterie et la biodiversité faunistique (oiseaux, reptiles, amphibiens, mammifères, insectes, flore), l’objet est aussi de développer une vitrine sur la mise en route d’un projet d’agroforesterie. Cette vitrine s’appuierait sur la ferme des Bachats dans le cadre du développement de relations avec d’autres structures, en particulier les Universités et IUT pour permettre l’accueil d’apprenants. Dans le cadre des suivis qui seront mis en œuvre, l’objet est de mettre en place, en totalité ou en partie selon la difficulté de mise en place, le monitoring imaginé en Suisse (Guide de monitoring des systèmes agroforestiers – Méthodes de mesure des effets sur l’environnement – Giotto R. et al. 2023).