Utilisation de drone(s) à détection thermique pour limiter l’impact de la fauche sur la faune sauvage
L’objectif principal est de mettre à disposition des agriculteurs des outils afin de limiter l’impact de la fauche sur la faune sauvage. Cela sous-entend de disposer de données en nombre suffisant pour permettre les analyses. Il se décline en objectifs complémentaires tels que la confortation du réseau de référents, la réalisation de recherches de terrain, la collecte de données.
L’un des objectifs majeurs est aussi de proposer aux agriculteurs et à toute personne intéressée un mode d’analyse cartographique pour déterminer les secteurs théoriques les plus à risque lors des fauches ou récoltes et des solutions d’interventions pratiques et ponctuelles sur le terrain à l’aide d’un drone. Cet objectif s’appuiera sur une démarche de communication et de sensibilisation.
Le présent projet vient compléter des projets existants sur le même thème, en particulier sur l’établissement de cartes et/ou modèles prédictifs de risques au sein des parcelles agricoles (voir projet en région Bourgogne Franche Comté).
Le projet va s’articuler autour de plusieurs familles et sera organisé en trois phases pour chaque famille. Le premier taxon sera celui des mammifères avec la prise en compte des faons de chevreuil en particulier mais pas uniquement. En effet, si l’impact sur cette espèce bénéficie des faveurs de la presse, des travaux en Ile et Vilaine ont démontré que jusqu’à 25 lièvres sont tués aux 100 ha lors de la fauche de luzerne.
Le 2ème famille sera celles des oiseaux en lien avec des comptages réalisés annuellement (Courlis cendré et Râle des genêts en Lorraine sur les vallées de la Moselle, de la Nied en particulier). La Perdrix grise bénéficie de peu d’actions en Moselle mais l’impact du machinisme a été montré dans la Marne pour cette espèce. Ainsi, dans la mesure ou des comptages lui seraient réservés en Moselle, ils seraient intégrés à l’étude.
La 3ème phase s’attachera à la prise de données sur le terrain au moyen d’un drone. Outre la prise de données, des actions de sauvetage seront conduites en fonction des espèces localisées (déplacement dans le cas d’un mammifère, matérialisation de position dans le cas d’un nid).
Le projet est réalisé avec le soutien financier de l’OFB dans le cadre de l’écocontribution.
Après une première saison de fonctionnement, il est possible d’établir un premier bilan. Le projet était prévu pour s’articuler autour de plusieurs taxons à savoir les mammifères et plus particulièrement le chevreuil et ses faons, les oiseaux et notamment des espèces patrimoniales (d’un point de vue de la biodiversité mais aussi du patrimoine cynégétique) et/ou protégées. Les démarches déjà en cours sur le chevreuil ainsi que le potentiel « sympathie » de l’animal devaient permettre de bancariser un plus grand nombre de données qui pourrait alors supporter un traitement statistique, l’objectif de ce traitement statistique étant de confirmer ou non l’hypothèse selon laquelle les individus ne s’installent pas au hasard dans les parcelles mais se positionnent par rapport à des éléments du paysage. Cette confirmation ouvre alors la possibilité de réaliser des cartes prédictives de risques d’impacts sur les animaux durant les fauches.
Le travail pour chaque taxon a commencé par la création ou le renforcement d’un réseau de référents. Ce développement, sans être limité, était plutôt orienté vers les titulaires d’un droit de chasse et les agriculteurs concernant les mammifères, et plutôt orienté vers des naturalistes s’agissant des oiseaux. Il était complété par un travail bibliographique pour regrouper les connaissances sur les effets connus ou supposés liés à l’utilisation des drones. Enfin, est venue une phase de prise de données sur le terrain, telle que prévue lors du montage du projet, accompagnée d’actions de sauvetage en fonction des espèces localisées.
Pour ce qui relève des actions sur les mammifères, les relations avec d’autres interlocuteurs se sont fortement intensifiées. Outre le rapprochement avec le dossier pluriannuel porté en Bourgogne Franche-Comté via l’écocontribution, des échanges se sont noués avec d’autres établissements (autres Fédérations départementales des chasseurs, Agence Régionale de la Biodiversité, DREAL, Chambre d’Agriculture) mais surtout avec des titulaires de droits de chasse, simples chasseurs, agriculteurs ou bénévoles. Plus de 200 individus ont été localisés durant la saison. Par contre, peu d’oiseaux ont été observés d’une part car peu ont été localisés durant les recherches de mammifères, d’autre part car les actions qui ciblaient les oiseaux n’ont pas été conduites. En effet, parmi les oiseaux qui devaient être recherchés figurent des espèces protégées. Une demande de dérogation a donc été formulée. Son instruction n’est toujours pas terminée au moment de rédiger ce bilan (30 juin 2023). En conséquence, faute de disposer de l’autorisation, aucune action n’a été conduite. Si la priorité était accordée aux espaces en prairie, des démarches devaient être conduites dans les espaces cultivés. Ces démarches, spécialement orientées vers des espèces protégées n’ont pas été conduites pour la raison mentionnée supra.
En quelques chiffres, cette démarche a permis de constituer un réseau de 20 détenteurs volontaires, 43 agriculteurs volontaires et 1 personne individuelle supplémentaire qui ont manifesté la volonté de venir aider lors des interventions concrètes de détection sur le terrain. En ce qui concerne les oiseaux spécifiquement, malgré l’absence de détections ciblées, 37 personnes issues de 27 organismes ont été informées de la démarche lors de différentes réunions (COPIL Natura 2000 ou COPIL lié au fonctionnement d’un réseau) ou par prise de contact direct. Les vols ont permis de détecter en Moselle 201 individus de 8 espèces de mammifères différentes sur 23 communes. Ce sont quelques 800 ha qui ont été survolés. Aucun oiseau ou nid n’a été détecté. Un jeu de 4 530 données a été généré et bancarisé.
La fourniture du modèle prédictif des risques de destruction de la faune au sein des parcelles agricoles a été repoussé. En effet, il convient de disposer d’un maximum de données pour assurer sa robustesse. Or les différents projets qui produisent ces données nécessaires, fonctionnent selon des calendriers différents. Ainsi les analyses finales ne seront conduites qu’à l’issue des différentes démarches, c’est-à-dire à l’automne – hiver 2023.
Le projet a toutefois reçu les faveurs de la presse tant locale que régionale ou nationale, aussi bien via la presse écrite que radiophonique ou télévisuelle (RTL, TF1 en particulier). Si de nombreuses choses restent à finaliser en termes de sensibilisation, la base constituée cette saison semble solide et les élus de la Fédération ont manifesté un intérêt fort pour poursuivre l’action.