
Une biodiversité en crise profonde et multifactorielle
Selon les dernières évaluations scientifiques, un million d'espèces animales et végétales sont actuellement menacées d’extinction, principalement en raison des activités humaines. Ce constat alarmant invite à interroger les causes de cette crise globale.
1. La destruction et la fragmentation des habitats
La destruction des habitats naturels constitue, de loin, la première cause de l’effondrement de la biodiversité. Les forêts, zones humides, récifs coralliens, mangroves, prairies et autres écosystèmes sont systématiquement convertis en terres agricoles, infrastructures routières, zones industrielles ou urbaines. Selon le rapport Planète Vivante du WWF (2022), environ 75 % des milieux terrestres et 66 % des milieux marins ont été significativement altérés par les activités humaines.
Cette destruction s’accompagne le plus souvent d’une fragmentation des milieux, c’est-à-dire d’une compartimentation des écosystèmes en parcelles isolées, réduisant drastiquement la connectivité écologique entre les populations d’espèces. Cette fragmentation compromet la dispersion, la reproduction, les migrations saisonnières et accroît la vulnérabilité aux événements extrêmes. Les corridors écologiques, souvent absents ou insuffisamment aménagés, ne permettent pas de compenser ces ruptures.
En milieu tropical, la déforestation massive, principalement pour la culture de soja et l’huile de palme, illustre l’ampleur de cette menace. En zone tempérée, l’urbanisation continue et l’artificialisation des sols, en France par exemple, constituent selon l’Inrae ou l’OFB des pressions croissantes sur la faune et la flore locales.
2. La surexploitation des ressources biologiques
La surexploitation regroupe l’ensemble des prélèvements d’espèces à un rythme excédant leurs capacités de renouvellement. Ce phénomène concerne aussi bien les milieux terrestres que marins. Le braconnage, la surpêche mais aussi l’exploitation forestière ou minière contribuent à l’appauvrissement génétique et à l’extinction de nombreuses espèces.
En milieu marin, plus de 30 % des stocks halieutiques sont aujourd’hui surexploités selon l’Organisation des Nations Unies, pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), notamment le chalutage de fond, provoquant une destruction des habitats et un effondrement des chaînes trophiques. La surpêche de grands prédateurs comme les thons ou les requins déséquilibre les écosystèmes océaniques.
Sur terre, certaines espèces animales font l’objet d’un braconnage massif — souvent motivé par la médecine traditionnelle ou le trafic d’animaux exotiques — qui met en péril des populations déjà fragilisées par la perte d’habitat. Le commerce illégal d’espèces sauvages, estimé à plus de 20 milliards de dollars par an, est aujourd’hui considéré comme la quatrième activité criminelle la plus lucrative au monde, après le trafic de drogue, d’armes et d’êtres humains.
3. Les espèces exotiques envahissantes
Les espèces exotiques envahissantes (EEE) sont des espèces introduites volontairement ou accidentellement dans un écosystème hors de leur aire de répartition naturelle, où elles s’installent, prolifèrent et causent des dommages écologiques, économiques ou sanitaires.
Le problème des EEE est mondial. Leur propagation est facilitée par les échanges commerciaux, les transports internationaux, les changements climatiques et les modifications d’usage des sols. Parmi les exemples emblématiques, on peut citer la jacinthe d’eau en Afrique, le frelon asiatique en Europe, ou le poisson-lion dans les Caraïbes.
Ces espèces perturbent les équilibres écologiques locaux en entrant en compétition avec les espèces autochtones pour les ressources, en altérant les habitats, ou en transmettant des agents pathogènes. Elles peuvent provoquer l’extinction locale d’espèces indigènes, notamment dans les écosystèmes insulaires très vulnérables. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) estime que les EEE sont impliquées dans 60 % des extinctions d’espèces connues au cours des dernières décennies.
4. Le changement climatique
Le changement climatique, en modifiant progressivement mais inexorablement les régimes climatiques planétaires, constitue une menace transversale pour la biodiversité. Il agit à la fois comme facteur direct de perturbation (températures extrêmes, acidification des océans, montée du niveau des mers) et comme multiplicateur de stress sur les espèces déjà fragilisées par d’autres pressions.
Les modifications de température et de précipitations bouleversent les aires de répartition des espèces, les cycles telle que la floraison, la reproduction et la migration, les relations interspécifiques (pollinisation, prédation) et la dynamique des écosystèmes. Les récifs coralliens tropicaux sont aujourd’hui particulièrement menacés par les épisodes de blanchissement liés à l’élévation de la température de surface des océans. Les espèces alpines ou arctiques, quant à elles, voient leurs habitats se réduire à mesure que les températures s’élèvent.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) indique que, dans un scénario d’augmentation de +2°C, jusqu’à 18 % des espèces terrestres pourraient être menacées d’extinction. Ce chiffre grimpe à plus de 25 % au-delà de +3°C.
5. La pollution des milieux
La pollution est une autre pression majeure affectant la biodiversité, qu’elle soit d’origine agricole, industrielle, urbaine ou domestique. Les polluants chimiques (pesticides, métaux lourds, hydrocarbures, plastiques, etc.) perturbent les fonctions vitales des espèces animales et végétales et altèrent la qualité des milieux naturels.
L’agriculture intensive contribue largement à la pollution diffuse des sols et des eaux par les nitrates, les phosphates et les produits phytosanitaires. Cette eutrophisation des milieux aquatiques favorise la prolifération d’algues toxiques et entraîne une asphyxie des plans d’eau. Les insectes pollinisateurs, tels que les abeilles, sont gravement affectés par l’exposition chronique aux néonicotinoïdes, qui altèrent leur orientation, leur immunité et leur capacité de reproduction.
La pollution plastique, quant à elle, affecte l’ensemble des chaînes alimentaires marines. Les microplastiques sont désormais présents dans tous les océans du globe, jusque dans les abysses, et ingérés par des milliers d’espèces.
6. L’artificialisation des sols et l’urbanisation
L’artificialisation des sols — c’est-à-dire la conversion de surfaces naturelles ou agricoles en surfaces imperméabilisées (routes, parkings, bâtiments) — représente une perte nette d’habitats pour la biodiversité. Ce phénomène est particulièrement préoccupant dans les zones périurbaines et littorales où la pression foncière est forte.
Cette artificialisation engendre non seulement la destruction des milieux mais aussi la création d’îlots de chaleur, la modification des régimes hydrologiques et l’isolement des populations animales. En France, l’équivalent d’un département est artificialisé tous les dix ans.
L’expansion urbaine entraîne par ailleurs une homogénéisation des paysages (plantations ornementales, espaces verts standardisés) qui réduisent la diversité des niches écologiques disponibles. L’éclairage nocturne perturbe la faune nocturne, notamment les insectes et les chauves-souris.
7. La perturbation des cycles biologiques et écologiques
La biodiversité dépend de la stabilité des grands cycles de l’eau, du carbone, de l’azote, et du phosphore. Or, les activités humaines modifient fortement ces cycles, affectant indirectement les écosystèmes. L’usage excessif d’engrais azotés et phosphorés provoque une accumulation de nutriments dans les milieux aquatiques, perturbant les communautés biologiques.
De même, l’extraction et l’utilisation massive de ressources fossiles et minérales rompent l’équilibre des flux de carbone, contribuant à l’effet de serre et à l’acidification des milieux. L’ensemble de ces perturbations favorise l’apparition de maladies, le développement d’espèces opportunistes et le recul des espèces spécialistes.
8. Une crise de la gouvernance environnementale
Enfin, il convient de souligner que les causes de l’érosion de la biodiversité ne sont pas uniquement écologiques ou biologiques, mais aussi liées à un manque de cadrage précis des objectifs gouvernementaux. La crise de la biodiversité est intimement liée à une crise de gouvernance. Les politiques publiques sont souvent erratiques, insuffisamment financées, ou subordonnées à des intérêts économiques à court terme.
La biodiversité reste peu intégrée dans les stratégies économiques globales, et sa valeur intrinsèque est rarement reconnue comme une externalité positive. Sans modifications profondes des pratiques économiques et sociales, la poursuite du déclin de la biodiversité est inévitable, avec des répercussions majeures pour les sociétés humaines.
9. Des politiques de conservation
La protection de la biodiversité nécessite la mise en œuvre de politiques de conservation à différentes échelles et appelle à des actions concertées pour préserver les milieux naturels et restaurer les écosystèmes dégradés. En effet, les menaces sur la biodiversité n’agissent pas isolément mais de façon cumulative, conduisant à des déséquilibres irréversibles dans les écosystèmes.
Les chasseurs jouent intrinsèquement ce rôle d’acteurs incontournables et reconnus qui agissent en faveur de la biodiversité. La nature est dans leur ADN. Ils sont les premiers témoins des changements qui affectent les milieux et les écosystèmes. Ils ont compris, depuis longtemps, les enjeux liés à la sauvegarde de la biodiversité. Leur action est plurielle. Ils agissent tout au long de l’année, de manière concrète et efficace sur les territoires ruraux pour préserver l’environnement, aménager ou restaurer les biotopes, et protéger la faune qu’il s’agisse d’espèces chassables ou non.
Le réseau associatif de la chasse se mobilise en faveur de la biodiversité au travers d’actions de terrain comme des restaurations de zones humides, des plantations de haies, des couverts d’intérêts faunistiques et floristiques ou encore des systèmes anti-collisions pour la faune sauvage sur le bord des routes. Les chasseurs se sont dotés de programmes collaboratifs pour agir au service de l’environnement, quantifier leurs actions, les faire connaître et profiter d’un échange d’expériences.
Le dispositif éco contribution créé par la loi chasse de juillet 2019 est une dotation obligatoire des chasseurs assortie à un soutien de l’État dans le but de financer la mise en œuvre d’actions concrètes, proposées par les Fédérations de chasseurs au service de la biodiversité. Ces projets, sélectionnés sur dossiers sont évalués en totale transparence tout au long de leur mise en œuvre.
La compréhension fine des menaces sur la biodiversité doit également nourrir une action publique ambitieuse, fondée sur la coopération internationale, la transition écologique des systèmes de production, et une réforme profonde des rapports entre sociétés humaines et vivant. Face à l’urgence, préserver la biodiversité n’est pas une option : c’est une nécessité pour la stabilité écologique et la pérennité des civilisations humaines.